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peepsupLes dernières semaines ont été l’occasion d’un débat sur la capacité de l’enseignement supérieur français à jouer un rôle d’ascenseur social, au travers de la question de l’ouverture sociale des grandes écoles.

 

Rappel des faits

En novembre dernier, le gouvernement a fixé un objectif de 30% de boursiers dans les grandes écoles. Fin décembre, la conférence des grandes écoles (CGE) a publié un texte dan lequel elle « désapprouve d'une manière générale la notion de quotas et réaffirme que les niveaux des concours doivent être les mêmes pour tous ».

« Tout en reconnaissant que des soutiens individualisés doivent être apportés aux candidats issus de milieux défavorisés », les membres de la CGE craignent notamment que la préconisation du ministère de l'Enseignement supérieur entraîne « inévitablement la baisse du niveau moyen ».

Cette prise de position a suscité de nombreuses réactions, d’aucun jugeant même cette déclaration « antisociale » (Richard Descoings).

Pour tenter de désamorcer la polémique, Valérie Pécresse a rappelé qu'il ne s'agissait pas de fixer des quotas mais des objectifs. Elle a également annoncé qu'elle travaillait sur une "charte sur l'égalité des chances" avec les grandes écoles, prévoyant notamment la création de classes préparatoires dans des zones rurales ou pour des filières technologiques. Elle a enfin évoqué la généralisation de la gratuité des concours et la création de classes préparatoires supplémentaires : prépa +, avec un accompagnement particulier des étudiants boursiers, classes préparatoires technologiques ou en zone rurale.

Enfin, sur le fond, la ministre a invité également les grandes écoles à repenser les concours d’entrée des grandes écoles, n privilégiant une évaluation de « l'intelligence », des capacités et du parcours des étudiants plutôt que leur seule culture générale, à l'image de ce que pratiquent les universités américaines (sélection s'appuyant sur dossier, témoignages et lettre de motivation). La CGE serait d’autant plus favorable à une telle réforme qu’elle a, parallèlement à une mission gouvernementale lancée sur ce thème fin novembre, initié sa propre enquête sur les « épreuves supposées socialement sélectives ».

 

Analyse

Il est intéressant de voir comment le communiqué de la CGE a servi de détonateur à un débat qui a mobilisé les politiques et les médias pendant plusieurs jours. Il n’est pas moins intéressant de voir comment des prises de position que je qualifierai de démagogiques ont occulté les véritables questions autour du rôle que joue (ou non) l’enseignement supérieur français en matière de promotion sociale.

Le refus des grandes écoles d’appliquer un système de quotas est fondé sur le principe que le recrutement de leurs étudiants s’est toujours fait au mérite et ils se refusent à abaisser le niveau des concours.

En effet, il n’existe pas trente-six moyens pour atteindre cet objectif (car il s’agit bien d’un objectif, d’une incitation à avoir 30 % de boursiers et non de véritables quotas) :

Le premier consiste à abaisser le niveau du concours : comment ne pas faire le parallèle avec ce qui s’est passé avec le baccalauréat (objectif de 80% d’une classe d’âge) et qui a contribué à accroître le différentiel entre le lycée et l’enseignement supérieur, avec comme corolaire 150 000 jeunes qui sorte chaque année de l’enseignement supérieur sans diplôme.

Le deuxième passe par l’instauration de deux concours séparés, créant de fait une inégalité entre les différentes catégories de candidats, sous réserve que le critère de la bourse d’étude soit pertinent (voir plus loin).

Le dernier consiste à jouer sur les critères sociaux, afin d’élargir le nombre de boursiers. Certaines familles ont eu la bonne surprise de voire cette année leur enfant bénéficier d’une bourse pour la première fois, alors même que leur situation financière n’avait pas évolué négativement, ce qui permet d’afficher officiellement un taux de 30 % de boursiers cette année dans les CPGE (et donc d’espérer avoir 30 % de boursiers dans les grandes écoles au plus tard dans deux ans).

Mais à force de parler du bien fondé de l’objectif, les véritables questions sont éludées :


L’inégalité ne serait elle que sociale ?
Il existe en effet une autre forme d’inégalité, géographique : certains jeunes qui effectuent une bonne scolarité sont écartés de fit des CPGE, et donc à terme des grandes écoles (les grands lycées urbains préemptant via leurs prépas toutes les places en GE), tout simplement parce qu’il n’existe pas dans leurs départements de prépas et qu’ils n’ont pas les moyens d’aller étudier loin de chez eux.  

 

La sélection scolaire est elle antinomique de l’ascenseur social ? Force est de constater que la suppression de certains examens « intermédiaires » n’a pas contribué à une amélioration globale de la situation, puisque les classes sociales défavorisées ont aujourd’hui moins accès aux GE qu’avant 1960. Dès lors, l’enseignement supérieur français et les grandes écoles en particulier contribuent plus qu’avant à une reproduction sociale importante.

 

Le critère des boursiers est-il forcément le plus pertinent ? Pas forcément si l’on considère que les boursiers ne sont pas toujours issus des classes défavorisées (issus des familles nombreuses par exemple), ou encore au regard de l’évolution constatée cette année et qui permet d’atteindre les 30% de boursiers en CPGE.

 

Propositions

Au-delà des annonces du ministère sur la nature des concours ou leur gratuité (à laquelle nous ne pouvons que souscrire), il nous semble intéressant :


  - De repenser le positionnement des grandes écoles au sein de l’enseignement supérieur, notamment  par rapport aux universités.
  
   - De lutter en amont contre toutes les formes d’inégalités. Les inégalités ne sont en effet pas que sociales ou géographiques.

Une autre forme de discrimination se fait au niveau de la connaissance des systèmes. Les enfants d’enseignants sont souvent les mieux placés (plus de la moitié des étudiants de science po ont un voire deux parents enseignants). Une meilleure information sur les études supérieures et l’orientation est dès lors de nature à promouvoir la mixité sociale dans le supérieur.


Enfin il existe une dernière forme d’inégalité, liée au sexe des étudiants, qui se traduit au niveau des places d’internat. Il y a en effet deux fois plus de places d'internat pour les garçons que pour les filles et loger sur place donne aux garçons de meilleures conditions (coût modique, proximité, travail en groupe, restauration...) lorsqu'ils préparent les concours très sélectifs pour entrer dans les grandes écoles.

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