L’article 2 du projet de loi Enseignement Supérieur et Recherche qui sera prochainement discuté à l'Assemblée nationale met un
terme à un des principes de l’enseignement supérieur français : celui d’enseigner en langue française.
Il n’y a pas si longtemps, les journaux se faisaient l’écho d’une fac qui délivrait (vendait ?) des diplômes à des
étudiants chinois qui ne parlaient pas un mot de français.
Avec la nouvelle loi, cette question ne se posera plus puisque l’objectif avoué est d’accueillir un maximum d’étudiants
étrangers, dont le cursus serait financé par leur gouvernement d’origine.
La ministre a en effet déclaré, à ce sujet : « si nous n’autorisons pas les cours en anglais, nous n’attirerons
pas les étudiants de pays émergents comme la Corée du Sud et l’Inde. Et nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d’une table… ».
Au-delà de cet argument littéraire, cette démarche s’inscrit dans le prolongement des accords passés entre la France et
l’Inde, la France et la Chine, pour accueillir les étudiants de ces pays qui n’arrivent pas à construire assez de facs pour répondre à leurs besoins.
Cela ressemble fort à une « marchandisation » de l’enseignement supérieur, instaurée par ceux
là même qui il y a peu critiquaient la LRU au motif qu’elle permettait à des entreprises privées d’investir dans nos universités.
Le ministère avance que le fait des cours en anglais va renforcer l’attractivité de notre Pays à l’international. Cela me
rappelle l’anecdote d’un responsable d’établissement qui accueillait récemment des étudiants chinois, en leur disant qu’ils étaient l’élite de leur pays. Ce à quoi, un étudiant en question a,
fort honnêtement, répondu : « Non Monsieur, nous ne sommes pas l’élite : l’élite est aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne ».
Quelle sera l’étape suivante ? Fort logiquement de faire venir des enseignants étrangers, à même de se
faire comprendre de ces étudiants du bout du Monde.
Avec, à terme,
le réel risque de voir nos facs, nos amphis, nos logements étudiants réservés en priorité à ces bons payeurs, au détriment des étudiants français qui « coûtent » à
l’Etat.