Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, a évoqué le lien entre le lycée et
l’enseignement supérieur lors d'un colloque au lycée Louis-le-Grand à Paris, le mercredi 27 janvier 2010, dans les termes suivants :
« Nous n'avons pas, ou du moins pas
assez, développé les liens et les échanges entre lycées et universités. Pendant longtemps, le baccalauréat a été l'objectif principal voire unique du lycée républicain. Cet objectif a d'ailleurs
guidé nos politiques éducatives depuis les années 1960 … aujourd'hui, dans le cadre d'une économie mondialisée, fondée sur les savoirs, tournée vers la recherche constante de l'innovation,
l'horizon et les perspectives de notre système éducatif se sont naturellement déplacés. Toutes les nations européennes sont confrontées au même défi … conduire au moins 50 % d'une classe d'âge à un diplôme de
l'enseignement supérieur. … Aujourd'hui, le baccalauréat n'est plus une fin en soi, il est plutôt un cap à franchir. L'horizon c'est désormais la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur
pour tous les bacheliers généraux et technologiques … L'enjeu est d'intégrer dans le parcours des lycéens une dimension plus forte de préparation à la poursuite d'études supérieures. … c'est un
chemin escarpé … un étudiant sur deux échoue en fin de première année à l'université … comment ne pas reconnaître que l'échec à l'université trouve en partie sa source au
lycée ? »
Cette intervention a le mérite d’exposer la nécessaire cohérence entre l’enseignement secondaire et le supérieur. Cette cohérence doit
s’assurer à un double niveau : celui des enseignements (notamment au travers des programmes) et celui de l’orientation.
En ce qui concerne les enseignements, il faut se rappeler d’une époque, pas si lointaine, où la classe de terminale, comme son nom l’indique,
marquait la fin, l’achèvement d’une formation. La poursuite d’études supérieures ne concernait qu’une minorité et il était dès lors utile d’avoir des formations différenciées en fin de cycle
secondaire. Or aujourd’hui, le baccalauréat joue plus un rôle d’examen d’entrée dans le supérieur que de diplôme sanctionnant un achèvement de
formation. Dès lors, et c’est bien là un des enjeux de la réforme actuelle du lycée, il est plus intéressant de conserver un tronc commun de programmes plus longtemps et de concevoir la
classe de terminale comme une classe de transition entre le secondaire et le supérieur. Cette idée renvoie au débat récent sur le maintien ou non de telle ou telle matière dans certaines
filières.
Mais une bonne orientation se prépare également au travers des méthodes de travail, des informations données aux élèves sur les études
supérieures, les débouchés, etc.
L’objectif que l’on retrouve au travers des propos du ministre est de réduire le fossé existant
actuellement entre le lycée et le supérieur, de restaurer la continuité des enseignements et d’assurer la meilleure orientation possible pour éviter
les trop nombreux échecs et réorientations précoces constatés dans le post bac.
Les parents d’étudiants que nous sommes ne peuvent que souscrire à cette ambition, mais resterons vigilants sur les modalités mises en œuvre
pour assurer l’objectif des 50 % d'une classe d'âge à un diplôme de l'enseignement supérieur.