Madame SAA a rendu son rapport sur l’ouverture sociale dans l’enseignement supérieur au Ministre Laurent Wauquiez cette
semaine.
Si ce document intitulé « une chance de réussite pour tous » reprend quelques-unes une de nos propositions (meilleure
information sur l’orientation, promotion de l’alternance, renforcement du lien lycée / université, développement de la colocation étudiante sans toutefois expliquer comment), l’impression
générale reste celle d’une grande déception.
En effet, la plupart des propositions s’articulent autour de deux principes : un centralisme parisien et
la seule réussite par les grandes écoles. Il est vrai que lorsque l’on regarde la courte liste des personnes consultées il ne pouvait en être autrement (Recteur de Paris,
proviseur du lycée Henri IV notamment).
Cette vision réductrice conduit à proposer de mesurer l’ouverture sociale au travers du seul quota de boursiers en CPGE et de
la systématisation des dispositifs « cordées de la réussite ».
Certaines propositions relèvent même du gadget ou auront des effets négligeables : remplacer le nom de la
bourse à « taux zéro » par « échelon zéro », développer l’accès à l’enseignement supérieur par le DAEU (diplôme d’accès à l’enseignement universitaire), faire parrainer des
étudiants issus de CSP défavorisées par des médaillés de la légion d’honneur ou de l’ordre national du mérite.
D’autres nous semblent carrément contre-productives : faire du nombre de boursiers dans une formation
donnée un objectif au lieu d’un indicateur, indexer les moyens alloués aux établissements sur ce critère, vouloir faire entrer en CPGE les élèves boursiers dès le 20 août (au-delà de l’aspect
stigmatisant, cela les empêcherait d’avoir un job d’été qui permet souvent de financer leur vie étudiante), et toute une série de mesures visant à modifier le niveau des concours d’accès aux
grandes écoles.
Certaines semblent enfin déconnectées de la réalité : la question de la démocratisation de l’accès au
numérique ne se pose plus aujourd’hui, la création de grands CFA nationaux serait à contre courant de la décentralisation (compétence dévolue aux régions), ou encore l’obligation faite aux
opérateurs d’intérim de recruter un quota d’intérimaires diplômés de l’enseignement supérieur en alternance.
A noter néanmoins quelques pistes de réflexion intéressantes : cautionner toutes les ouvertures de CPGE à
la participation de l’établissement à un dispositif de cordée de la réussite, créer des « grandes écoles des métiers », instaurer un droit au conseil à l’hébergement étudiant boursier,
créer des alertes via admission post bac pour les bénéficiaires potentiels de la bourse au mérite, organiser la gratuité des déplacements et de l’hébergement pour les boursiers lors des concours
d’entrée.
Mais sur les stages, l’ouverture internationale, l’action sociale en matière de santé, la
nécessaire réforme des modalités d’orientation post bac : pas un mot !
Pour résumer : un rapport qui dans sa partie analyse pose de bons constats mais qui,
du fait d’une vision tronquée de la réussite, n’apporte pas de bonnes réponses.
Voir le rapport complet en cliquant ICI